Définition, causes, symptômes et traitements, on en parle
Qu’est ce que l’eczéma ? Une question à laquelle nous allons tenter de répondre au mieux dans ces quelques lignes.
Il existe plusieurs formes d’eczéma. La plus courante est l’eczéma atopique, aussi appelée dermatite atopique, qui touche près de 15% des enfants et 4% des adultes en France. Il s’agit de la deuxième maladie de peau la plus fréquente après l’acné, mais elle reste une maladie dont les mécanismes sont complexes et mal connus.
Il s’agit d’une maladie inflammatoire chronique qui débute en général avant l’âge de 5 ans, puis évolue par crises. La plupart du temps, les crises s’estompent puis disparaissent avant l’âge adulte. Mais chez une faible proportion de patients, elles persistent après l’enfance. Dans des cas plus rares, les premières crises d’eczéma peuvent aussi apparaître seulement à l’âge adulte.
Il existe un facteur héréditaire dans l’eczéma atopique. Le risque de développer un eczéma atopique est donc de 50% si un des parents est atteint, et de 80% si les deux parents sont atteints. On parle de terrain atopique prédisposant. L’eczéma atopique peut alors être associé à d’autres maladies de l’atopie : asthme allergique, rhinite allergique, conjonctivite allergique, allergies alimentaires.
L’eczéma atopique résulte principalement d’une altération de la barrière cutanée et d’un dysfonctionnement de l’immunité qui provoquent conjointement l’inflammation cutanée.
La barrière cutanée est la couche la plus externe de l’épiderme. Sa structure peut être comparée à celle d’un mur de briques : les briques sont les cornéocytes (aussi appelées cellules mortes), qui sont jointes entre elles par des lipides. Des protéines aident à assurer la fonction de cette barrière. Le rôle de cette barrière cutanée est d’empêcher l’eau de sortir, donc de maintenir l’hydratation cutanée, et d’empêcher la pénétration de substances indésirables.
Chez les patients atteints de dermatite atopique, cette barrière est altérée, notamment à cause d’une mutation atteignant une protéine clé de la barrière cutanée : la filaggrine. Il en résulte une plus grande sécheresse et fragilité de la peau, qui laisse l’eau s’échapper et devient plus perméable aux substances potentiellement allergènes ou irritantes. La réponse immunitaire à ces substances présente des anomalies, ce qui provoque l’inflammation cutanée.
Ce mécanisme peut entraîner un cercle vicieux : l’inflammation cutanée provoque des démangeaisons, le patient se gratte, ce qui altère encore plus sa barrière cutanée, et libère des agents pro-inflammatoires, qui aggravent l’inflammation et donc la sévérité de l’eczéma. C’est la raison pour laquelle un traitement précoce de l’inflammation est indispensable.
Il existe d’autres facteurs qui pourraient être impliqués dans la physiopathologie de l’eczéma :
L’eczéma se manifeste par une sécheresse cutanée sur tout le corps qui persiste même en dehors des crises, et par l’apparition de plaques rouges, parfois vésiculeuses, et qui démangent beaucoup. Suite au grattage, ces vésicules peuvent être rompues et laisser échapper du liquide : la peau devient suintante, puis des croutes se forment. Ces plaques sont l’expression de l’inflammation cutanée.
Le lésions d’eczéma peuvent apparaître sur tout le corps, cuir chevelu et zones génitales inclues. Leur localisation typique peut varier avec l’âge. Elles se localisent surtout sur les zones convexes chez les bébés (front, joue, menton), puis dans les plis chez les enfants plus âgés (plis des coudes, des genoux, oreilles, paupières). Chez l’adulte l’eczéma peut être très diffus et toucher tout le corps.
Des complications peuvent aussi apparaître :
Le traitement de base de l’eczéma est l’hydratation de la peau grâce à des produits émollients, qui assouplissent la peau et renforcent la barrière cutanée. Ces émollients apportent notamment des lipides et des agents occlusifs qui vont permettre de favoriser la jonction des cornéocytes dans la barrière cutanée. Ils sont donc indispensables pour prévenir les crises d’eczéma et sont à appliquer sur tout le corps, tous les jours en dehors des zones inflammées.
D’autre part, il faut apporter un soin particulier pour nettoyer la peau : éviter l’eau très chaude et les bains ou douches trop longues car l’eau chaude dessèche la peau, et utiliser des lavants surgras.
Sur les plaques d’eczéma, le traitement de base pour réduire l’inflammation est l’application de dermo-corticoïdes.
D’autres traitements existent en cas d’échec des dermo-corticoïdes, ou en cas d’eczéma très étendu : les immunosuppresseurs locaux en pommades, ou systémiques en comprimés ou injections.
La photothérapie (traitement par Ultra-Violets) peut également être bénéfique.
Enfin, depuis quelques mois, de nouveaux traitements issus de la biothérapie sont disponibles en cas d’échecs des traitements précédents. Les biothérapies recouvrent l’utilisation thérapeutique de substances d’origine biologique, moléculaires (ADN, protéines dont anticorps) ou cellulaires. Pour l’eczéma, ces traitements ciblent spécifiquement des cellules impliquées dans la réponse immunitaire inadaptée, pour les inhiber, et donc éviter le déclenchement de l’inflammation.
Retentissements de l’eczéma dans la vie quotidienne
L’eczéma peut avoir un impact important sur la qualité de vie et le moral. Il impacte le sommeil, la vie de famille, la vie sociale et professionnelle. Ceci peut provoquer anxiété et dépression, et tendance à l’isolement.