Pourquoi se gratte-t-on ?
Lorsque l’on souffre d’eczéma, on connaît forcément le prurit. Ce sont des démangeaisons qui peuvent survenir en pleine journée ou pendant la nuit et qui peuvent être très intenses. Mais d’où viennent ces démangeaisons ? Pourquoi se gratte-t-on ?
Les découvertes scientifiques ne permettent pas de comprendre très précisément le mécanisme du prurit. Mais on peut tout de même parler de pruricepteurs et de fibres nerveuses, qui conduisent le signal du prurit depuis la peau jusqu’au cerveau en différentes étapes. On fait le point pour vous sur l’état actuel des connaissances concernant les origines des démangeaisons liées à l’eczéma.
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Le pruricepteur et le trajet du prurit dans le corps
La peau contient des terminaisons nerveuses (récepteurs). Elles sont plus ou moins denses selon les parties de la peau.
Un récepteur de la peau spécifique du prurit a été découvert : il s’agit du pruricepteur..
La démangeaison est déclenchée par l’activation des pruricepteurs par des stimulus appelés pruritogènes. Ces stimulus peuvent être mécaniques (fibres de laine par exemple), chimiques (transpiration, produits cosmétiques par exemple), thermiques (froid, chaud par exemple), etc.
Ensuite, le prurit est transmis par l’influx nerveux et par les neuromédiateurs, de neurone en neurone, jusqu’au cerveau, où l’information est traitée.
Certaines cytokines, comme l’interleukine 4 (IL-4), l’IL-13, l’interféron ou l’IL-31, peuvent jouer un rôle dans la transmission du signal du prurit jusqu’au cerveau. Pour rappel, les cytokines sont des protéines sécrétées par les cellules du système immunitaire. Elles sont indispensables à la communication entre les cellules, au même titre que les hormones et les neuromédiateurs.
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Les liens entre prurit et douleur
Les récepteurs nerveux responsables de la sensation de douleur s’appellent les nocicepteurs, et ils sont différents des pruricepteurs.
Cependant, on note un lien entre démangeaison et douleur. Les patients qui ressentent des démangeaisons peuvent parfois se gratter jusqu’à provoquer des lésions. La douleur prend alors le dessus et apaise la sensation de démangeaison. Enfin, les voies du prurit et de la douleur sont différentes, mais les médiateurs du prurit et de la douleur sont souvent les mêmes et les nocicepteurs et les pruricepteurs peuvent se chevaucher dans la peau[1], ce qui rend le lien entre démangeaison et douleur complexe. La douleur cutanée dans la dermatite atopique est moins étudiée que le prurit, mais des études récentes montrent que 40% des patients se plaignent de douleurs cutanées, et 85% de démangeaisons.
Perspectives des nouveaux traitements disponibles
Les nouveaux traitements disponibles depuis quelques années pour le traitement de la dermatite atopique par voie générale (biothérapies ou anti-JAK) agissent sur les cytokines impliquées directement ou indirectement dans le prurit (IL-4, IL-13 ou IL-31 par exemple), et permettent de diminuer significativement les démangeaisons chez les patients. Ils sont une avancée majeure dans le traitement de la dermatite atopique et de son symptôme le plus impactant sur la qualité de vie.
Conseils pour éviter de se gratter en cas d’eczéma
Les démangeaisons font partie de l’eczéma. Mais certaines actions peuvent permettre de soulager le prurit dans la vie quotidienne.
Application d’un produit sur la zone qui démange
Pour apaiser les démangeaisons, il est possible d’utiliser des crèmes dermocorticoïdes, qui diminuent l’inflammation et donc la libération de cytokines pruritogènes. Le médecin peut prescrire un traitement adapté à chaque patient. Les crèmes dermocorticoïdes s’appliquent en parallèle des émollients.
Les émollients restent le soin de base pour renforcer la barrière cutanée lorsque l’on a de l’eczéma.Ils sont à appliquer en prévention sur les zones non inflammatoires. Cela évite à certains stimulus pruritogènes de pouvoir activer les pruricepteurs.
Le froid est un autre produit qui permet de soulager le prurit. Si vous ressentez des démangeaisons, appliquez sur la zone un glaçon enveloppé d’un tissu ou d’une poche en plastique. afin d’éviter le contact direct avec la peau. Si vous souffrez d’eczéma, nous vous conseillons de mettre dans votre réfrigérateur une cuillère à café ou des galets froids. Vous aurez ainsi toujours à disposition un produit sortant du congélateur pour calmer vos démangeaisons.
La pleine conscience et le prurit
La pleine conscience est une pratique qui vise à prêter davantage attention au présent. Elle présente plusieurs effets bénéfiques sur l’eczéma et notamment sur le prurit. En effet, la pleine conscience permet d’augmenter la tolérance au prurit. Les scientifiques ont réalisé des sur ce point. Ils se sont basés sur les indices de démangeaisons pour arriver à cette conclusion.
Des activités pour occuper les mains et l’esprit
Il peut s’avérer difficile de ne pas se gratter lorsque la peau démange. Voici quelques astuces pour tenter d’y parvenir. Pour commencer, occupez vos mains. Vous pouvez par exemple malaxer une balle anti-stress. Sinon, essayez de réaliser des petites activités manuelles ponctuelles.
De nombreuses applications sur smartphone permettent de réaliser des parties de jeux rapides, comme des mots croisés, du sudoku, du puzzle, etc. Vous pouvez aussi utiliser votre smartphone pour faire de la relaxation ou de la méditation.
Nous mettons en avant le téléphone portable, car il fait partie des outils qui sont facilement accessibles où que l’on se trouve, les démangeaisons pouvant se déclencher dans n’importe quelle situation.
En résumé, on se gratte parce que des stimulus déclenchent l’activation de neurones et entraînent une démangeaison dans les fibres nerveuses. Mais le grattage n’est pas inévitable. Un traitement adéquat mis ne place par votre médecin généraliste ou votre dermatologue permettra de soulager les démangeaisons. De plus, il faut tester différentes astuces afin de trouver celle qui vous conviendra le mieux. Il ne faut pas hésiter non plus à parler à son médecin si les démangeaisons deviennent difficilement supportables, car de nouveaux traitements ciblés obtiennent de très bons résultats sur le prurit quand les traitements locaux ne sont plus suffisants.
[1] L. Misery, Prurit et douleur cutanée au cours de la dermatite atopique, Annales de Dermatologie et de Vénéréologie – FMC, Volume 4, Issue 5, Supplement, 2024, Pages S27-S34, ISSN 2667-0623,