A la découverte du microbiote cutané
Qu’est-ce que le microbiote cutané ? Comment agit-il sur la dermatite atopique ?
Qu’elle soit malade ou non, la peau abrite une multitude de micro-organismes : que savons-nous d’eux ? Partons à la découverte du microbiote cutané.
La thématique du microbiote cutané a le vent en poupe depuis plusieurs années déjà, mais de quoi parle-t-on exactement ?
Un microbiote cutané est l’ensemble des micro-organismes (bactéries, virus, champignons, etc. ) qui colonisent un milieu donné, en l’occurrence, ici, le corps humain. On distingue plusieurs microbiotes (ou flores) chez l’Homme en fonction de la localisation. Le plus connu reste le microbiote intestinal. Mais le microbiote se trouvant au niveau vaginal ou au niveau cutané (et c’est l’objet de notre article) sont de plus en plus souvent évoqués. La composition du microbiote varie en fonction de l’âge, de facteurs génétiques, alimentaires, géographiques, hormonaux, etc.
Pourquoi s’intéresser aux microbiotes cutanés ?
Grâce aux nouvelles techniques d’exploration, il est possible d’étudier plus profondément la composition des différentes flores, plutôt que d’avoir recours à une mise en culture. En particulier, le séquençage à haut débit permet d’établir une cartographie génétique du microbiote cuntané. De nombreuses études montrent que la composition du microbiote cutané pourrait influencer l’apparition de nombreuses maladies en présence d’un état de déséquilibre : maladies métaboliques, obésité, allergies, maladies inflammatoires, maladies neurologiques, etc.
Et dans la peau que se passe-t-il ?
La surface de la peau n’est pas stérile, mais colonisée en permanence par divers micro-organismes. La flore cutanée résidente comprend des bactéries comme Propionibacterium acnes, mais aussi des levures (ex : genre Malassezia) et des parasites (ex : genre Demodex). Ces différents germes ne posent aucun problème dans la population générale mais viennent aggraver et/ou déclencher des dermatoses fréquentes comme l’acné, le pityriasis versicolor ou la rosacée lorsque leur nombre augmente, déséquilibrant le microbiote local. La flore cutanée résidente se distingue de la flore cutanée transitoire, potentiellement pathogène (sarcopte de la gale, poux, etc.).
Les moyens de défense de la peau : le pH physiologique de la peau est acide. Ceci permet à la peau d’assurer une fonction de barrière antimicrobienne (« manteau acide protecteur »). De plus, les kératinocytes sont capables de produire des petites protéines cationiques à large activité antimicrobienne : défensines, cathélicidines et dermcidines. L’ensemble de ces 3 groupes constituent les peptides antimicrobiens de la peau, indispensables à la protection de l’organisme. Le pH et les peptides antimicrobiens font partie de l’immunité innée, non spécifique et rapide à se mettre en place. Cependant, la peau peut également avoir besoin, pour se défendre, de l’immunité acquise ou adaptative. Cette dernière démarre grâce aux cellules présentatrices d’antigène qui capturent et présentent l’antigène aux lymphocytes B et T, déclenchant ainsi les réponses immunes humorales (B) et cellulaires (T).
Le staphylocoque doré est naturellement présent à la surface de la peau atopique. Et de façon plus fréquente que dans la population générale. Il joue un rôle infectant propre (pustules, croûtes jaunâtres d’impétigo, suintement plus abondant, voire apparition de signes généraux comme une fièvre ou des adénopathies) mais peut également être considéré comme un facteur déclenchant responsable de poussées d’eczéma (initiation et exacerbation des lésions, par l’intermédiaire de toxines super-antigéniques).