Voici le dernier livre du docteur Bourrel Bouttaz : « l’eczéma, est-ce vraiment dans la tête ? »
Le fait que le stress déclenche une crise d’eczéma est-il la preuve que cette maladie est d’origine psychologique ? le fait que les patients atopiques soient plus sensibles que les autres aux événements habituels de la vie est-il la preuve que cette maladie soit psychosomatique ? Certainement pas ! Voilà l’enjeu du dernier livre du docteur Bourrel Bouttaz : « l’eczéma, est-ce vraiment dans la tête ? »
Partir des histoires de patients, les questionner sans jamais s’arrêter à l’évidence, pour aller toujours un cran plus loin et émettre l’hypothèse que c’est la peau qui est bien à l’origine de cette fragilité.
Comment ? Alors qu’il a longtemps été cru que la peau ne transmettait que les notions de chaleur et du toucher, il vient d’être découvert récemment qu’elle transmet aussi dans une zone différente du cerveau la notion de sécurité qui participe à la construction du Je intime, de l’identité de l’individu.
Que la peau soit abîmée dès le premier mois de vie, que peut-elle transmettre en terme de sécurité ? Il a aussi longtemps été cru que le premier besoin intime du bébé était la nourriture, il n’en est rien, son premier besoin est la sécurité, transmise entre autre par la peau.
Quand la peau gratte que peut-elle transmettre ? L’hypothèse avancée ici est que l’eczéma empêche l’enfant de construire correctement cette sécurité intérieure, et qu’il va la chercher à l’extérieur, le plus souvent sur sa mère, la piégeant ainsi à son insu. Il est donc temps d’arrêter de culpabiliser les mamans sur leur prétendues difficultés à assumer leur maternité, leur relation à leur enfant, leur angoisse… Ce piège deviendra une relation fusionnelle si la maman est elle-même en insécurité, mais ceci est loin d’être le cas le plus fréquent.
Ce livre débouche ensuite sur l’impact de la dermatite atopique sur la construction identitaire du patient avec toutes les difficultés que peut rencontrer le patient adulte. S’ajoutent à ces deux chapitres, les chapitres plus thérapeutiques : comment repérer le problème et comment réparer. Le problème principal étant de mettre les étapes dans l’ordre. Le patient a besoin de sécurité que l’on peut traduire en terme de confiance : confiance dans le traitement, confiance dans le système de soins, et enfin confiance en lui. Il est donc parfaitement incohérent de démarrer le traitement par une psychothérapie. Il faut démarrer par la peau, la traiter, expliquer les autres facteurs déclenchant les crises, pour que le patient ne soit plus la victime d’une maladie aléatoire, mais qu’il en comprenne les mécanismes et qu’ils puissent anticiper les poussées. Pour cela il a besoin d’une équipe de soignants autour de lui habitués à l’éducation thérapeutique qui saura être auprès de lui le partenaire compétent, disponible et attentionné. Quand tout ce travail sera réalisé, il faudra aborder l’aspect émotionnel pour sortir du classique ‘ je n’y peux rien, je suis nerveux c’est ma nature’. Aux soignants d’emmener le patient toujours un cran plus loin dans la découverte de ses potentialités en lui faisant confiance dans toutes ses entreprises, en lui fixant des objectifs de la vie de tous les jours et en tirant bénéfice de tous les échecs. Alors seulement, si à ce stade, le patient sent bien que son histoire justifie qu’il la retravaille et la questionne, arrivera la place de la psychothérapie avec toutes les pratiques actuelles : hypnose, sophrologie, EMDR, psychothérapies comportementales et psychanalytiques.
Ce livre du Dr Bourrel Bouttaz est donc un plaidoyer pour une tolérance Zéro de la dermatite atopique chez le bébé. Le bébé doit grandir avec une peau qui transmet du câlin, de l’amour, de la sécurité, de la confiance afin que cette maladie arrête de « prendre la tête … »