Marjolaine
« Atteinte d’eczéma depuis toujours, j’ai trouvé très tôt en la danse un exutoire au mal-être qui en a découlé. La danse classique d’abord, commencée à 6 ans, alors que la maladie entravait mes mouvements au quotidien. Après le passage difficile au vestiaire, dès que je posais une main sur la barre mon corps se dépliait, se décollait, se relaxait, et enfin, oubliait ses douleurs et ses irritations ! L’énergie contenue toute la journée parce qu’il faut essayer de se fondre dans la masse, enfin était libérée ! La danse classique, par les exercices rigoureux et répétés qu’elle impose au corps, permet finalement de s’en évader…
Une addiction était née… je n’ai pas arrêté de danser depuis. La danse moderne, puis contemporaine, à l’adolescence, grâce à laquelle pendant quelques heures je pouvais exprimer mon chaos intérieur… la rage d’être malade encore et toujours se transforme en énergie créatrice et libératrice, se canalise lorsqu’on recherche son centre, son équilibre… la féminité naissante et contrariée par la maladie, se libère, l’air de rien, en suivant le mouvement. Beaucoup plus tard, le tango argentin, danse de contact, de couple, de rencontre, parfois de confrontation… toucher une autre peau, être touchée par une autre peau… apprivoiser les peaux… être parfois irritée par le contact, parfois apaisée, se sentir enveloppée, accepter de lâcher prise, sans jamais lâcher son axe, son individualité… improviser, s’affirmer tout en suivant les règles du guidage, s’amuser avec son partenaire… A toutes les étapes de ma vie et de ma maladie, la danse m’a accompagnée, apaisée, lancé des défis ! Elle m’a fait sortir de ma peau malade pour entrer dans un corps dansant. J’ai peu à peu accepté la maladie comme étant une part de moi dans laquelle j’ai puisé l’énergie et l’envie de danser encore et toujours, et de partager l’ivresse du mouvement avec d’autres danseurs, non danseurs, sur scène, à la barre, dans les bals… et dans la vie ! »