Traitements immunomodulateurs de la dermatite atopique et COVID-19 : les nouvelles données
Traitements immunomodulateurs de la dermatite atopique et COVID-19 : les nouvelles données
Les traitements immunomodulateurs qui sont parfois prescrits pour les dermatites atopiques modérées à sévères sont ils susceptibles de rendre le système immunitaire plus vulnérable à une infection par la COVID-19 ? Avec près d’un an de recul depuis le début de la pandémie, de nouvelles données sont disponibles pour rassurer les patients qui prennent ces traitements pour soigner leur dermatite atopique.
Les traitements immunomodulateurs dans la dermatite atopique
La dermatite atopique est une maladie inflammatoire chronique causée en partie par une dérégulation du système immunitaire, qui considère comme dangereux des éléments qui sont en fait inoffensifs. Cela provoque une réaction disproportionnée, et donc une inflammation, qui se traduit par l’apparition de plaques rouges parfois vésiculeuses et qui démangent beaucoup.
Les traitements proposés dans la dermatite atopique sont les suivants :
- les dermo-corticoïdes sont le traitement de base : sous forme de crèmes et pommades, ils ont une action anti-inflammatoire
- en cas de réponse insuffisante aux dermo-corticoïdes, des médicaments immunomodulateurs (ou immunosuppresseurs) peuvent être proposés :
- en application locale (pommade) comme le tacrolimus
- par voie générale, comme le methotrexate et la ciclosporine
- ou plus récemment les immunomodulateurs issus de biothérapies (dupilumab par exemple), administrés par injection.
Les traitements immunomodulateurs rendent t’ils plus vulnérable à la COVID-19 ?
Dans la dermatite atopique, les immunomodulateurs ont donc pour objectif de réguler cette réponse immunitaire disproportionnée. Or le rôle du système immunitaire est de défendre l’organisme contre les dangers, comme les bactéries ou les virus par exemple. Si les immunomodulateurs en pommade ont une action uniquement locale, ceux administrés par oral ou en injection peuvent être susceptibles de diminuer la réponse immunitaire de l’organisme. On peut donc légitimement se demander si la prise de ces traitements rend plus vulnérable aux virus, et en particulier au virus de la COVID-19.
Au moment de la première vague de COVID-19 début 2020, des précautions ont été publiées concernant ces traitements, en l’absence d’informations concernant leurs effets sur les risques de contracter le virus et/ou de développer une forme sévère de la maladie. Il était conseillé aux patients sous traitement de renforcer les précautions de distanciation sociale et de protection contre le virus.
Aujourd’hui, avec presque un an de recul depuis la première vague, de nouvelles données issues d’études menées auprès de patients sous traitement sont disponibles.
Le Dr Edouard Begon (praticien hospitalier, hôpital de Pontoise) et le Dr Jeremy Gottlieb (praticien hospitalier, hôpital du Kremlin-Bicêtre) ont décortiqué ces données lors d’un webinaire organisé par Reso, le réseau national de médecine collaborative, en partenariat avec les associations de patients (L’Association Française de l’Eczéma, Solidarité Verneuil, l’AFRH et France Psoriasis).
Et les conclusions des études menées depuis la première vague de la COVID-19 chez des patients souffrant de dermatite inflammatoire chronique et sous traitement immunomodulateur par voie générale sont rassurantes ! Aucun des traitements n’augmente le risque de forme sévère de COVID-19, à l’exception des corticoïdes par voie orale ou intra-veineuse, mais qui ne sont pratiquement plus prescrits en dermatologie.
Les dermo-corticoïdes et le tacrolimus (qui n’ont aucune action sur l’immunité globale), le méthotrexate, la ciclosporine et les biothérapies telles que le dupilumab peuvent donc continuer d’être utilisés sans crainte de vulnérabilité accrue au virus.
N’oubliez pas pour autant le port du masque et les gestes barrière !